الأربعاء، 6 مايو 2020

اصل تسمية المطوية حسب اسطورة ذي القرنين عند اهل نفطة



Titre : Archives des missions scientifiques et littéraires : choix de rapports et instructions publié sous les auspices du Ministère de l'instruction publique et des cultes

Auteur : France. Ministère de l'instruction publique. Auteur du texte

Éditeur : E. Leroux (Paris)

Date d'édition : 1877

Pages : 212-213-214

 

« Nefta, 3 février 1875. — Sidi Hafnaoui me demande si j'ai entendu parler du projet de la mer intérieure que les Français comptent faire. Je lui réponds qu'au Souf on en parlait, et que l'opinion des Souafa était généralement contraire au projet. Sidi Hafnaoui me déclara alors que, quant à lui, il croyait fermement à la réussite ; et comme, pour ne pas me trahir et apprécier en même temps l'étendue de ses connaissances, je feignais de ne pas comprendre , il prit la peine de m'expliquer le projet, s'aidant de dessins qu'il traçait sur le sol à l'aide de son doigt. Il m'expliqua que la mer n'était séparée du chott Djerid à Gabès que par une sorte de barrage peu large que les Français pourraient aisément venir à bout d'abattre, afin d'établir la communication entre la mer et la sebkha.

« Autrefois, ajouta-t-il, la mer que les Français veulent faire a « existé, et la tradition qui nous a été transmise par nos pères as« sure que Nefta était naguère un port. La mer intérieure, dit-il, « ira jusqu'au delà de l'oued Rhir et franchira sans peine les mon«tagnes de sable qu'elle rencontrera et qui pour la plupart sont « au-dessous du niveau de la mer. » Pour finir, Sidi Hafnaoui me dit : « Il suffit que les Français se mettent à la tête de ce projet « pour que j'aie une entière confiance dans sa réussite, car ils sont « très-forts, et ceux qui ont pu percer l'isthme de Suez pourront « parfaitement inonder nos chotts en établissant entre eux et la Mé« diterranée un passage qui a dû certainement exister autrefois, si « notre tradition est exacte. Notre pays n'aura qu'à y gagner, si ce « projet aboutit. »

« Celle opinion favorable m'a été confirmée plus tard par d'autres personnages influents de Nefta, tels que Sidi Hussein, frère du marabout de Tolga, Sidi Ali ben Amor, son fils, et Sidi el Hadj Taïeb, son neveu, riche propriétaire , etc. etc.

«Sidi Hussein, me parlant de la mer intérieure, me dit: «La " tradition veut que Nefta ait été autrefois port de mer. A celte «époque la ville aurait été au pouvoir des Abadias, qui sont «encore aujourd'hui représentés par les habitants du Mzab. «Les Abadias anciens furent convertis à l'islamisme par Sidi «Bou Ali, grand saint, patron de Nefta, qui est enterré dans «les jardins de palmiers, au sud-ouest de la ville. D'après la tra« dition, la mer baignait autrefois le pied même du tombeau de « Sidi Bou Ali. »

 

M. Ch. Tissot donne, dans la notice qu'il va publier, les renseignements suivants, qui ont un remarquable caractère de précision :

« On a surnommé Nefta Mersat el Sahara, le port du désert, et cette épithète, qui n'est plus aujourd'hui qu'une figure, a pu être rigoureusement vraie à une autre-époque. J'ai déjà fait allusion à la tradition qui place à Chattân ech Cheurfa l'ancien port de Nefta. Sidi Ali Sâssi, kadi du Djerid, m'a affirmé qu'on y avait trouvé, vers la fin du siècle dernier, un navire d'une forme particulière ; d'après la description qu'il m'en a donnée, ce navire ne pouvait être qu'une galère antique. Deux habitants de Nefta qui avaient assisté, dans leur enfance, à cette exhumation, vivaient encore à l'époque de mon premier voyage au Djerid, et leur témoignage a été recueilli dans une lettre de Sidi Ali Sâssi, dont je donne un extrait à la fin de cette-notice.

« Toutes les traditions locales s'accordent d'ailleurs à affirmer que la mer arrivait autrefois jusqu'à Nefta et que le choit était un vaste bassin, complétement inondé , navigable et en communication avec le golfe de Gabès. D'après une légende que j'ai recueillie à Telmin, dans le Nifzaoua, Skander Dhou'l Kourneïn, venu d'Orient jusqu'à Metouïa, une des oasis des environs de Gabès, aurait séparé cette mer intérieure de la Méditerranée en créant, par ses enchantements (bel hakma), l'isthme, et l'aurait transformée ainsi en une simple sebkha. C'est depuis ce temps, ajoute la légende, que Metouïa porte son nom, qui vient de metoua, «fermer, séparer.» On sait que Skander Dhoul' Kourneïn, « Alexandre aux deux cornes, » est le héros antéislamique par excellence, et représente le conquérant phénicien aussi bien que le fils de Jupiter Ammon.

« Il n'est pas douteux que ces traditions n'aient conservé le souvenir d'un état de choses dont l'aspect des lieux permettrait d'affirmer l'existence, même en l'absence des preuves historiques qui le constatent. Il suffit d'avoir vu le chott El-Djerid pour y reconnaître une ancienne lagune séparée du golfe de Gabès, avec lequel elle communiquait autrefois, par un isthme de formation relativement récente, créé, selon toute apparence, par un dé ces soulèvements si fréquents sur. la côte septentrionale d'Afrique. En rapprochant de l'étude des lieux celle des textes antiques qui se rapportent au lac Triton, j'avais été conduit à des conclusions analogues à celles que M. le capitaine Roudaire a développées depuis celte époque. »

Extrait d'une lettre de Sidi Ali Sâssi, hadi du Djerid et bach mufti de Nefta.

... « Quant à la profondeur de la sebkha, j'ai demandé à Mahdi ben Atia ech Cherif, vieillard de quatre-vingt-dix-huit ans, et à son cousin El-Hadj et Tahar ech Cherif, s'ils savaient quelque chose à ce sujet. Ils m'ont répondu que, dans leur jeunesse, ils avaient entendu dire à leurs pères que le choll était jadis une mer, mais que le fond s'en était élevé et qu'il était devenu une sebkha.

« Quant aux débris du navire , ils les avaient trouvés dans un endroit qui s'appelle Ghattân ech Cheurfa. Ces débris ont été mis en pièces pour faire du bois à brûler, et les deux individus dont il s'agit ont aussi trouvé des clous de navire. Voilà ce que j'ai entendu de leur bouche, et j'y ajoute foi entière. Ce fait confirme ce qu'a dit l'illustre imân Ebn Chebbat et Tôzri, dans son histoire, que la sebkha du Djerid était autrefois une mer qui s'étendait jusqu'à la mer de Gabès.

« Que Dieu nous dirige dans le bon chemin. Le pauvre envers Son Dieu, le bach mufti de Nefta, a écrit ceci. »

Tous les récits que j'ai recueillis moi-même de la bouche des Arabes confirment ces citations. Ainsi que M. Tissot, j'ai entendu parler plusieurs fois des navires trouvés dans l'ancien port de Nefta. En me voyant commencer le nivellement par l'oued Akarit, le cheik Bel Kassen ben Alizidi me dit : « Tu fais un travail, inutile, tu as tort d'aller ailleurs qu'à l'oued Melah; c'est là que tu trouveras le chemin le plus direct et le moins élevé, parce que c'est celui que suivait autrefois la mer pour aller dans les chotts. » Or l'oasis de Metouïa, qui vient de metoua, «fermer, séparer," et qui, d'après la légende, porte ce nom depuis que la communication n'existe plus, est située tout près de l'oued Melah.

Les Arabes m'ont désigné également le marabout de Sidi Hassen Aïet, près de Nefta, et le village de Teumbib, dans le Nifzâoua, comme étant d'anciens ports. Le cheik de Kbilli m'a dit qu'il existait encore un livre écrit par un nommé Ioussa Benoun, qui était autrefois capitaine de la mer à Nefta. Malheureusement les tentatives que j'ai faites pour me procurer ce manuscrit sont jusqu'à ce jour restées sans résultat.

 





اصل تسمية المطوية حسب اسطورة ذي القرنين عند اهل نفطة

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